Nous avions depuis longtemps le souhait de remercier nos équipes locales, notamment nos guides, car c'est grâce à eux que nos voyageurs peuvent comprendre les réalités locales et rencontrer les habitants. Alors nous avons invité l'ensemble des acteurs qui font Terres des Andes à partager leur histoire, leur expérience et les anecdotes de leur métier.
Notre équipe péruvienne s'est lancée et le résultat est passionnant !
Sans plus attendre, nous vous proposons de découvrir un très beau portrait. La parole est donc à Soledad :
A 7 ans, je savais déjà travailler la terre et prendre soin des animaux de notre petite ferme. Mon rêve le plus cher était d’étudier afin de devenir quelqu’un. J’ai ainsi commencé à étudier seule : pour apprendre à lire, je récupérais de vieux journaux dans les poubelles. Je me cachais ensuite entre les grosses pierres qui jonchais la campagne armée de mes journaux et attendais là les enfants qui rentraient de l’école pour qu’ils m’apprennent à reconnaître les lettres. C’est ainsi que j’ai appris à lire, avec l’aide de mon arrière-grand-mère qui m’aidait à trouver des journaux. Elle voulait que j’apprenne à lire pour que je lui enseigne ensuite à lire la Bible.
Je suis allée pour la première fois à l’école à l’âge de 11 ans. Pour pouvoir acheter les fournitures qui étaient requises, j’ai dû vendre des racines que j’étais allée chercher dans la montagne. J’ai terminé l’école primaire avec difficulté. Pourtant, j’admirais beaucoup mes professeurs et je rêvais d’être comme eux et de pouvoir enseigner un jour moi aussi. C’était donc un grand défi pour moi que de poursuivre des études secondaires. Beaucoup ne croyaient pas en moi et me disaient : Tu n’y arriveras pas. A quoi bon? Mais je n’ai pas abandonné mes rêves.
Je suis entrée dans le secondaire dans mon village natal et ai décidé de chercher mes parents biologiques afin de leur demander de l’aide pour poursuivre mes études. J’ai trouvé ma mère, qui m’a proposé d’aller en Amazonie avec elle et d’y étudier là-bas. Mais quand nous sommes arrivées sur place, elle a immédiatement cherché du travail pour moi. Elle m’avait menti, mais je n’ai pas perdu espoir de réaliser mon rêve. J’ai rencontré une personne qui m’a mise en contact avec une maison d’accueil pour enfants à Tingo Maria. Nous sommes allées la visiter avec ma mère biologique et j’ai été accepté parmi les enfants originaires de Andes. J’étais très heureuse d’entrer dans cette institution parce que je savais que j’allais pouvoir y réaliser mon rêve. Avec l’aide de l’association Enfants des Andes, j’ai pu terminer le secondaire.
La responsable de la maison d’accueil m’a proposé un jour d’aller vivre à Nasca avec elle. J’ai immédiatement accepté parce que je m’étais beaucoup attachée à elle. Elle était devenue une mère pour moi. Quand je suis arrivée à Nasca, j’avais l’intention d’étudier pour devenir professeur. Mais cette année-là, en 2008, l’École des Professeurs avait du clôturer les inscriptions car la formation était déjà pleine. Ma mère adoptive venait de créer un institut de langues, alors j’ai décidé d’apprendre le Français.
En 2009, je suis entrée à l’Institut d’études technologiques afin de suivre des études de guide. C’est en suivant ces cours et apprenant l’histoire de mon pays que j’ai commencé à me souvenir de tout ce que m’avait enseigné mon arrière-grand-mère. J’ai tellement aimé ce que j’ai appris avec mes professeurs que je passais tout mon temps libre à lire des livres d’histoire pour en savoir plus.
J’ai rempli mes objectifs. Aujourd’hui, j’en ai de nouveaux : je veux défendre nos coutumes et montrer nos richesses à ceux qui nous font l’honneur de voyager avec nous, et que je considère comme des amis. Il est important pour moi de continuer à travailler dans cet esprit.
C’est pour cela que bien que je travaille de manière indépendante et auprès d’une clientèle française, je refuse de travailler pour les agences qui n’ont pas la même éthique que la mienne. Je préfère travailler avec des gens qui savent valoriser notre peuple aussi bien que nos richesses historique et géographique.
C’est pour moi un honneur de travailler principalement pour Terres des Andes !
Commentaires